Vitrailliste aux mille et une facettes

Marie-Paule DAUPHIN, vitrailliste, dans son atelier "le verre d'Auzelles"
Marie-Paule Dauphin, vitrailliste à Auzelles, a l’art d’assembler les vitraux

Comment vivre de sa passion en plein milieu du Livradois ? Marie-Paule Dauphin, vitrailliste à Auzelles, a l’art d’assembler les vitraux et de se faire connaître.

Tout quitter pour se réaliser, loin du tumulte de la ville, dans un havre de paix perdu dans la campagne… En effet, si beaucoup passeront leur vie à rêver larguer les amarres, Marie-Paule Dauphin, elle, est bien plus pragmatique. Question de tempérament.

« Il faut se lancer, après tout s’emboîte », assure celle qui mène depuis peu une nouvelle vie, en plein cœur du Livradois.

Installée pleinement dans le petit village d’Auzelles près de Cunlhat depuis deux ans avec son mari, l’ancienne responsable dans l’événementiel à la Tour Eiffel de Paris est donc devenue vitrailliste.

Une passion de longue date

«Il faut revenir en 2006, à l’époque je voulais ainsi changer un carreau de la salle de bain. J’ai pensé qu’un vitrail dans cette maison d’époque aurait de l’allure. En faisant le tour des artisans j’ai trouvé cela excessivement cher alors j’ai décidé de le réaliser moi-même », se souvient l’ancienne cadre, âgée de 58 ans.

Après quelques cours, Marie-­Paule se découvre une passion, «je n’ai plus jamais arrêté le travail ».

Dans l’atelier accolé à sa maison en plein cœur du bourg d’Auzelles, face à l’église Saint-­Blaise, Marie-Paule s’est offert une place de choix pour travailler. Face à l’immensité résineuse qui se profile à perte de vue, elle profite de la lumière naturelle projetée à travers une large fenêtre, pour confectionner ses vitraux.

Surplombant l’ouvrage, l’intarissable artisan se fait alors plus silencieuse. Concentrée, elle explique avec la même minutie employée dans ses gestes, les étapes de son travail.

« Je pars d’un dessin pour créer ensuite un gabarit. Une sorte de croquis sur lequel sont dessinées les différentes parties qui composeront le vitrail », détaille-t-elle.

Marie-Paule Dauphin et l'atelier de vitrail "le verre d'Auzelles"
Marie-Paule Dauphin et l’atelier de vitrail « le verre d’Auzelles »

La méthode Tiffany

D’un geste sûr, elle « fragilisera » ensuite le verre à l’aide d’un diamant en suivant les courbes des pièces du gabarit.

« À ce moment précis, c’est le verre qui parle car à la coupe, il y a un bruit caractéristique que l’on distingue avec le temps », dévoile-­t-­elle.

Dernière étape : un bandeau de cuivre recouvrira chaque partie du puzzle qui sera assemblée avec de l’étain. « La méthode Tiffany », explique Marie-Paule.

Tour Eiffel (bien sûr) mais aussi formes animalières ou végétales, en tableau ou bijoux : Marie-Paule Dauphin travaille à l’inspiration mais aussi et surtout en fonction du goût des autres…

Car pour exister au fin fond du Livradois en 2020 quand on est vitrailliste, mieux vaut se tenir éloigné du cliché de l’artiste solitaire voire incompris. Et aussi en tant qu’ancienne responsable événementiel, Marie-­Paule l’a très bien compris.

« Je serais rue des Gras à Clermont Ferrand, les gens verraient la boutique et entreraient, pas ici », résume la vitrailliste qui utilise presque instinctivement. Tous les outils de communication mis à sa disposition pour faire connaître et valoriser son activité.

Intarissable là aussi sur un domaine qu’elle connaît sur le bout des doigts, Marie-­Paule Dauphin endosse soudain le tablier de cheffe d’entreprise et dévoile son plan d’action.

Toilettes et réseaux sociaux

Réseaux sociaux, membre des Toscane d’Auvergne ou de la Route des métiers… Elle diversifie aussi ses activités (salon de thé et chambres d’hôtes en centre-bourg) dans un tout cohérent.

Tout semble pensé dans les moindres détails. « J’ai installé les toilettes du salon de thé dans mon atelier de vitraux pour que les consommateurs puissent découvrir mes créations », rigole-­t-­elle.

L’opération séductionaussi rationnelle que bricolée semble porter ses fruits. Depuis 2 ans, l’artisan a déjà vendu 250 créations, sans compter les bijoux.

La Tour Eiffel est déjà bien loin. Et c’est sans regret, pour la vitrailliste.

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YANN TERRAT, journaliste – La Gazette de Thiers-Ambert